mercredi 1 octobre 2008

C'est la crise !

Si vous avez suivi un tant soit peu l’actualité financière actuelle, vous ne pouvez être passé à côté : c’est la crise. Depuis un peu plus d’un mois, les médias ne parlent plus que de ça, on constate quotidiennement les bonds ahurissants que fond les bourses mondiales.
Mais croire que la crise n’a commencé il n’y a justement qu’un mois est une erreur. Elle est le fruit des tous les dysfonctionnements qui sont légions dans le système boursier américain. Pour en comprendre les origines, il faut remonter à plus d’un an, lorsque ledit système a montré, une fois de plus, ses faiblesses, lors de la crise des subprimes.

Que s’est-il passé ? Les américains ont un comportement de consommateur très différent du comportement européen. Ils épargnent peu (c’est-à-dire qu’ils n’économisent pas), mais ils font des crédits qu’ils passent leur vie à rembourser. En d’autres termes, ils consomment ce qu’ils ne possèdent pas. Or, les subprimes sont un type d’emprunt à bas intérêt qui utilise le logement d’une famille comme hypothèque : si le ménage ne peut plus rembourser ses dettes, la banque s’empare du bien immobilier, qui servait de garantie, et en devient propriétaire. L’on pensait alors avec certitude que les prix immobiliers ne pouvaient qu’augmenter, donc en cas de difficulté du ménage à rembourser, il suffisait de vendre la maison pour pouvoir rembourser sans difficulté son prêt. Or, il s’est avérait que les maisons étaient surévaluées, et que les taux d’intérêt trop bas, ce qui était risqué. En effet, quand la Banque Centrale américaine (fed) a décidé de relever ses taux directeur, les banques ont dû suivre en élevant leurs taux d’intérêt : les ménages ont dû payer des taux d’intérêts plus élevés (c’est-à-dire que leurs emprunts est devenu plus cher). Pour cette raison, de nombreuses familles n’ont pas été capables de continuer à rembourser, d’autant plus que les prix de l’immobilier ont commencé à baisser, et les banques sont donc devenu soudainement propriétaire d’un grand nombre de maisons. Logements qu’elles ne pouvaient plus revendre puisque la plupart des ménages ne pouvaient plus payer ! Et c’est mathématique, quand l’offre (de maison) dépasse de loin la demande (toujours de maison), les prix chutent. On s’est donc retrouvé avec une magnifique crise sur le marché immobilier, des ménages qui n’avaient plus d’habitations et des banques ne sachant que faire de ces biens et ne pouvant plus rentrer dans leurs frais. Fin août 2007, on estimait que près de trois millions de ménages avait perdu leur maison, pour un coût financier de la crise de 160 milliards de dollars. C’est beau le système américain quand même.

De plus, aux USA, les marchés bancaires sont bien plus reliés aux marchés financiers proprement dit, les bourses, que ce n’est le cas en Europe (c’est le phénomène de tritisation : les crédits distribués par les banques sont transformés en titre de créance qui peuvent être achetés et vendus par un investisseur lambda à tout moment). Une crise bancaire a donc tendance à effrayer les petits actionnaires boursiers, qui craignent, assez logiquement pour leurs économies. D’autant plus que si les ménages américains n’épargnent pas, c’est en grande partie parce qu’ils placent leurs économies en bourse. Par-dessus le marché (c’est le cas de le dire !), des scandales financiers, sur des comportements non éthiques de grosses pointures de Wall Street ont encore fragilisé la confiance de ces petits actionnaires. Résultats, beaucoup d’entre eux préfèrent retirer leur argent des bourses pour trouver des placements moins risqués ou tout simplement épargner. Mais, en vendant leurs actions, ils contribuent à aggraver la crise, ce qui effraie ceux qui ne l’étaient pas jusque là, qui vendent, ce qui aggrave la crise… et on peut continuer comme ça ad vitam æternam ! Les joies des cercles vicieux... Et effet boule de neige oblige, cela a conduit à se que de grosses entreprises américaines que l’on pensait intouchables (des banques, des compagnies d’assurance, Lehman Brother par exemple) fassent faillite, ce qui a achevé de saper la confiance des actionnaires. Lundi 29 septembre, « lundi noir », plus de 1000 milliards de dollar de capitalisation sont partis en fumée.

Maintenant vient la question des solutions. Et c’est à ce sujet que le congrès américain se dispute. La question est : qui faut-il sauver ? Les petits actionnaires et les familles, embourbés dans la crise et avec un pouvoir d’achat dans les chaussettes ? C’est la position des démocrates. Les grandes enseignes, qui ont un pouvoir non négligeable d’influence sur les marchés et dont le sauvetage pourrait réinstaurer la confiance dans le système boursier ? C’est la position de la plupart des républicains. Le fait est qu’actuellement le gouvernement s’emploie à racheter les actions d’un certains nombre de grande enseigne pour leur éviter la faillite, ce qui est ni plus ni moins qu’une nationalisation ! Au pays de l’ultralibéralisme, la pilule passe relativement mal ! Mais quand bien même cette crise parviendrait à se résorber, question sur laquelle les économistes hésitent à se prononcer, ça ne réglera pas le problème de fond, qui est un problème de structure. La secousse a beau être particulièrement violente, ce n’est pas la première, et ça ne risque pas d’être la dernière. Pour éviter le séisme, il faut repenser le système, mais ça, c’est un débat de haut vol qui risque d’occuper et d’opposer les économistes pendant un moment…

Aucun commentaire: