lundi 29 mars 2010

Visiteurs du futurs

Dépêche de Agence Science-Presse

« Si des visiteurs du futur débarquent en 2009, que nous apporteront-ils comme cadeau? Cette question, le magazine The New Scientist en a fait son concours de fin d’année, et un bon nombre des réponses reflètent l’inquiétude face à l’avenir de l’environnement. «Un ours polaire», a suggéré un lecteur. Une bouteille de «Chateau DuRant», vin rouge de l’Antarctique. Et une lettre de Son Altesse Impériale Bush IV, nous assurant qu’il n’y a pas de raisons de s’inquiéter: «il y a encore beaucoup de pétrole à découvrir».

Et dans le même esprit, si de tels visiteurs d’un lointain futur étudient nos communications électroniques avant de venir nous voir, ils en concluront que les deux cadeaux que nous désirons le plus recevoir d’eux sont : un remède pour accroître la longueur et la performance de vous-savez-quoi; et une lettre d’un citoyen altruiste prêt à transférer ses millions de dollars dans notre compte de banque. »

dimanche 28 mars 2010

Chasse au pape

Autant il y a quelques jours je partageais l’avis général et j’étais assez remontée contre l’Eglise, autant je partage aujourd’hui l’avis du Chafouin qui, dans un article fort bien écrit, s’insurge contre la condamnation systématique du pape quoiqu’il fasse ou dise. Les médias sont souvent les as de la désinformation et de la déformation des propos de tout un chacun et les journalistes cherchent absolument à avoir « la petite phrase », celle qui fera un titre percutant, simple, et lourd de sens. Or, les choses sont rarement assez simples pour être réduites à cette petite phrase.

Voici donc le dernier scandale, le petit truc à la mode pour taper sur le pape et l’Eglise catholique (qui est un sport fort apprécié, avouons-le) : les propos du pape à propos des préservatifs en Afrique. Généralement, on s’arrête là : Eglise + préservatif + Afrique = un article juteux sur une religion restée bloquée au Moyen-âge en perspective. Tout un chacun sait (ou croit savoir) que l’Eglise est opposée à la contraception et à l’avortement, ce qui est criminel dans un continent ravagé par ce fléau qu’est le Sida. Le pape n’est qu’un illuminé vieillissant et il faudrait être fou pour lui accorder le moindre crédit. Et bien vous allez rire, mais non !

Déjà, le pape est loin d’être un vieux gaga. Henri Tincq, journaliste spécialiste des questions religieuses, explique ainsi dans cet article qu’il possède une intelligence et une érudition qui sont très largement reconnue. Mais il échoue pour ce qui est de s’entourer des bonnes personnes et pour communiquer par les moyens modernes, Internet au premier plan.

Ensuite, le pape n’a pas condamné l’usage du préservatif lors de ses allocutions sur le continent africain. Un journaliste a interrogé Benoit XVI sur les moyens de lutte contre le sida en critiquant la vision catholique des choses. La réponse fut la suivante :
«Je dirais le contraire: je pense que la réalité la plus efficace, la plus présente sur le front de la lutte contre le sida est précisément l'Eglise, avec ses mouvements et ses différentes réalités (...) Je dirais qu'on ne peut pas surmonter ce problème du sida uniquement avec des slogans publicitaires. Si on n'y met pas l'âme, si on n'aide pas les Africains, on ne peut pas résoudre ce fléau par la distribution de préservatifs : au contraire, le risque est d'augmenter le problème.
La solution ne peut se trouver que dans un double engagement : le premier, une humanisation de la sexualité, c'est-à-dire un renouveau spirituel et humain qui apporte une nouvelle manière de se comporter l'un avec l'autre, et le deuxième, une amitié pour les personnes qui souffrent, la disponibilité, même au prix de sacrifices, de renoncements, à être proches d'eux. Tels sont les facteurs qui aident et qui conduisent à des progrès visibles. J'exprimerai donc en Afrique cette double nécessité de renouveler l'homme intérieurement, de lui donner une force spirituelle et humaine pour un juste comportement à l'égard de son propre corps et de celui de l'autre, et de souffrir avec ceux qui souffrent, rester présents dans les situations d'épreuve. C'est la juste réponse, et c'est ce que fait l'Eglise, offrant une contribution très grande et importante.»

C’est tout de suite beaucoup plus complexe que le simple, mais efficace, « Benoit XVI interdit le préservatif en Afrique » que l’on nous assène. Comme le dit le Chafouin, c’est un véritable lynchage en règle. On ne réfléchit plus, on condamne. On jette l’anathème sur toute l’institution catholique sans même se renseigner sur les propos exacts du pontife et les nuances de sa pensée. Simple citation de l’article d’Henri Tincq :
«Le désaveu sans nuance et l'exécution sommaire sont des méthodes d'autant plus insupportables que la connaissance des dossiers est médiocre, l'information incomplète, partiale et biaisée, l'interprétation expéditive, la répétition des mêmes mots abusive. C'est le règne de la doxa - c'est-à-dire d'une opinion médiatique dominante contre laquelle, au nom du «politiquement correct», personne n'ose s'insurger - ; celui de l'amalgame qui, pour entretenir les fonds de commerce de la polémique, mélangent des affaires qui n'ont pas toujours à voir entre elles. A cet égard, le pape n'est pas plus épargné que le sont les personnalités politiques civiles ou que l'ont été ses propres prédécesseurs. »

Deuxième round. J’avais été relativement claire sur ce que je pensais du drame qu’à subit la fillette brésilienne et la réaction absolument effarante d’un évêque brésilien et du cardinal Giovanni Battista Re. Mais là encore, il faudrait voire à nuancer. Deux imbéciles ne doivent pas faire condamner tous les catholiques. Les évêques du Brésil ont désavoué publiquement l’excommunication prononcée et le Vatican leur a emboîté le pas. Mgr Fisichella a également été très clair dans un article intitulé « Du côté de la fillette brésilienne » parut dans La Croix : « Il n'y a pas de mot adéquat pour condamner de tels épisodes, et les sentiments qui en découlent sont souvent un mélange de colère et de rancoeur qui ne s'apaisent que lorsque justice est réellement faite, et lorsque la peine infligée au délinquant en cause est sûre d’être purgée. (…) Avant de penser à l'excommunication, il était nécessaire et urgent de sauvegarder sa vie innocente et de la ramener à un niveau d'humanité dont nous, hommes d'Église, devrions être experts et maîtres dans l'annonce » écrit-il. Il aborde aussi les questions d’éthique auxquelles les médecins sont perpétuellement confrontés, leur professionnalisme qui nous interdit de penser qu’ils ont pris leurs décisions avec désinvolture. Il conclut en réaffirmant le soutien de l’Eglise à la fillette, sa famille, et les personnes qui l’ont aidé, précisant que ce sont « d’autres personnes qui méritent l’excommunication et notre pardon » (je supprimerai bien la partie sur le pardon, mais ce ne serait plus l'Eglise !).

Mais, comme l’explique très bien une fois encore le Chafouin dans ce billet, cette réaction a été trop longue. Dix jours se sont écoulés avant de pouvoir lire ces lignes, dix jours qui laisseront des traces que les mots n’effaceront pas. Benoit XVI est devenu le nouvel homme à abattre. A ce rythme, et avec autant de scandales en si peu de temps, je me demande si l'image de l'Eglise sera sauve.
Je suis, personnellement, agnostique. Et j'ai tendance à penser qu'on a de bonnes raisons de faire des reproches à l'Eglise catholique et au pape en particulier. Mais tant qu'à critiquer, autant le faire pour de bonnes raisons, par honnêteté, et puis parce qu'à critiquer tout le temps sans prendre la peine de vraiment chercher les informations et de les analyser, on finit par se discréditer totalement.